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Bénédicte Klène
28 juin 2007

Notes sur le travail

         Mon travail interroge la place de la peinture - et de l'art - dans l’espace sensible, physique et mental que nous occupons. Mes recherches m'amènent à jouer des formes organiques, des images élémentaires (air, eau, corps) et à créer des formes souvent simples ou primitives, porteuses de significations ou d’imaginaires dans lesquels le public aime à se perdre et se retrouver.

        Peintures, sculptures ou installations, mes œuvres entretiennent depuis toujours une relation forte aux sons, aux mots, au langage et privilégient une approche physiquement sensible. Il m’est important de troubler ainsi la perception première que l’on peut avoir et de mettre en jeu, de mettre en doute l’évidence du sens, de l’interprétation.

        En cherchant à installer mes toiles dans l’espace, mes oeuvres se sont déplacées, abandonnant très vite l’espace pictural en deux dimensions, quittant les murs, investissant les angles, s’installant sur l’eau ou dans l’air, s’associant parfois avec la nature et le végétal. L'idée de flux (eau, air, sons, musique, danse) est récurrente dans mon travail.

         Au départ de toute idée, il y a une toile et un châssis et le défi de les mettre en relief, en volume, et enfin en espace. L’armature cachée, ce dessin secret, se laisse parfois deviner. Donner la tension et la forme comme le moyen privilégié d’un voyage en peinture. Tendre à la limite de la rupture, à la limite de la sculpture !

         Le fil de l’eau est la voie première de mon aventure : j’ai d’abord cherché mon expression et mon centre dans l’espace circulaire du tondo, cet omphalos, avec des toiles –hublots, aux couleurs de l’eau. Tondi aquatiques, groupes de pirogues, bancs d’animaux marins, chimériques ou fantastiques jouent de l’entre deux. Peinture ? Sculpture ? Mes pièces ont fini par se détacher du mur. Errances(s)…

         Je me suis alors demandé si mes toiles, à l’image du dieu Protée de la mythologie, avaient enfin le pouvoir de prendre toutes les formes et d’ouvrir ainsi à toutes sortes de délires et d’interprétations. Je nommais mes oeuvres «sans titre» pour mieux inviter les spectateurs à les nommer eux-mêmes par tous les noms de la création. Etonnamment, ce furent des noms d’animaux et de plantes qui revenaient le plus souvent, mots parfois étranges, ambigus, sarcastiques, simplement amusants, poétiques, non sans rapport avec la psychanalyse.

         Plus tard, j'ai cultivé dans le « j(ART)din » secret de mon atelier des œuvres qui privilégiaient toujours un caractère sensible, double et ambigu, perturbant l’interprétation. D’étranges pousses se sont développées, multipliées et ont proliféré : plantes ou animaux fantastiques, troubles chimères issues de nos inconscients, de nos mythologies, de nos cultures hybrides. A ma manière, j'ai bouturé, greffé, cloné. Artiste ? chercheur ? apprenti - sorcier ? ou encore j(ART)dinier  ? 

         Dans mon nouvel atelier construit dans mon jardin en 2005 je suis revenue depuis quelques temps à une série d'oeuvres à partir des croquis de mes carnets. Je leur donne une autre dimension, je les mets en espace. Il me semble que, ainsi, à ma manière je poursuis l'exploration de ces questions fondamentales, sans cesse renouvellées, que tissent dessin , dessein et peinture.


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